Aujourd’hui j’aimerais vous parler d’une ville un peu spéciale que j’ai eu l’occasion de visiter lors d’un voyage tout aussi particulier. J’aimerais vous parler de la princesse d’Orient, que dis-je ? La princesse ? Non, la reine, l’impératrice, la majestueuse, l’enchanteresse Istanbul.
Je vous invite à un voyage entre présent et passé dans une ville fascinante qui distille tout le charme d’un orient digne des milles et une nuits mais avec un visage moderne et occidentalisé.
Mon voyage d’Istanbul date d’une dizaine d’années, écrire cet article est pour moi un challenge, pas à ma mémoire je vous expliquerai pourquoi mais à ma mémoire émotionnelle pour faire rejaillir ce regard que j’ai eu sur la ville à ce moment-là.
Ce voyage a été très spécial pour moi, il fut le premier vrai voyage de la jeunesse, sans mes parents, où j’ai volé de mes propres ailes en compagnie de ma meilleure amie pour assouvir et étancher une soif de voyages et de liberté, qui n’a fait en fait que s’intensifier avec le temps.
Vu que c’était notre première expérience de voyage à l’étranger toutes seules, nous sommes parties avec un groupe dans le cadre d’un voyage organisé. Nous avons l’espace de 7 jours sillonné une partie de la Turquie, dans un circuit à travers ses villes impériales en passant par les vestiges de la cité de Troie. Nous sommes tombées follement amoureuses de ce pays magnifique qu’est la Turquie, mais notre coup de cœur total et absolu fut pour Istanbul.
Aujourd’hui, j’aimerai partager avec vous mon vécu de cette très belle ville et vous parler de ce qui vaut vraiment la peine d’être vu lors d’une visite à la cité des Ottomans.
Mais permettez-moi tout d’abord de vous emmener avec moi pour un petit voyage dans le temps afin de vous raconter l’histoire de cette ville extraordinaire qu’est Istanbul. Cité antique au passé glorieux et prestigieux dont l’histoire remonte à la nuit des temps, à l’aube de l’histoire des civilisations.
L’origine de la fondation de la ville s’est perdue dans l’histoire, ce qu’on sait de cette ville remonte au VIIe siècle avant Jésus-Christ, elle s’appelait alors Byzance et faisait partie de la civilisation grecque baignant dans les mythes de Zeus et des dieux de l’Olympe. Elle fut une cité prospère qui contrôlait le commerce de la mer noire. Sa situation stratégique à l’entrée du Bosphore lui conférait un rôle très important dans le commerce grec. Cette époque, bien que mouvementée par les guerres d’antan, fut connue par son opulence ce qui donna naissance à une expression connue de nos jours « C’est Byzance » pour qualifier la richesse ou le luxe.
Vint ensuite la période romaine, vers l’an 324 quand l’empereur Constantin s’empara de Byzance pour en faire sa capitale romaine, il l’appela alors Constantinople. Il construisit la ville sur sept collines et l’entoura de remparts qui la protègeront durant des siècles et érigea une église à la sagesse divine Sainte Sophie (Hagía Sophía). En 476, les byzantins reprirent Constantinople et la gardèrent comme capitale de l’empire byzantin.
Les Ottomans en s’emparant de la région devront assiéger Constantinople durant des années mais la belle fière ne se livrera pas rapidement, elle les fera languir et usera de tous ses atouts principalement ses solides remparts avant de capituler enfin dans les bras de ses envahisseurs en 1453 conduits par le Sultan Mehmed II que l’on nommera Mohamad Al fatih.
Elle deviendra alors capitale des Ottomans remplaçant Edirne et ce pendant 5 siècles.
L’histoire de cette ville cosmopolite est riche et fascinante, elle a été un témoin d’un passé majestueux où se sont mêlées gloire, richesse, culture et beauté. Elle est l’emblème de la civilisation islamique et le témoin de sa gloire d’antan.
Je retourne sur terre, après ce séjour aux confins du passé pour vous parler de mes incontournables à Istanbul.
1- Top Kapi
On ne peut passer à côté de ce merveilleux palace qui domine le Bosphore. Ancienne demeure des sultans Ottomans du XVe au XIXe siècle, ce palais est une pure merveille d’art décoratif islamique et de jardins verdoyants, il renferme des trésors d’une splendeur à couper le souffle. Niché dans une position privilégiée, il jouit d’une vue splendide à la fois sur le Bosphore et la mer de Marmara.
Plusieurs salles abritent des trésors extraordinaires qui furent offerts aux Ottomans, des cadeaux des souverains des quatre coins du monde montrant à quel point les sultans ottomans étaient puissants et influents à cette époque. Je citerai particulièrement un trône majestueux en pierres précieuses, la célèbre émeraude de 3kg qui fait 16300 carats, le diamant de Topkapi qui est un diamant poire de 85,8 carats ou encore le poignard légendaire de Topkapi.
La visite du palais nécessitera au moins une demi-journée pour admirer toutes ses splendeurs et ses différents compartiments et se faire une idée de comment était la vie dans la cour ottomane. Prenez également le temps de flâner dans les jolis jardins et d’admirer la splendide vue sur le Bosphore et la mer de Marmara qui s’offrent à vous.
2- Sainte Sophie (Hagía Sophía)
Une église étonnante, elle n’impressionne pas par sa beauté vue de l’extérieur mais plus par ce mélange fascinant de vestiges romains, chrétiens et d’art islamique.
Cette merveille d’art architectural byzantin construite par l’empereur Justinien fut une église avant d’être transformée en mosquée par les Ottomans. Le sultan de l’époque était fils d’une chrétienne, ce qui a fait que par égard pour sa mère il n’a pas détruit les fresques chrétiennes mais plutôt ordonné qu’on les recouvre de chaux.
Et c’est ainsi que furent préservées ces images du Christ et ses apôtres toutes ciselées dans de l’or.
A l’arrivée du régime laïc en Turquie, Mustapha Kamal Atatürk décida de mettre fin au conflit entre chrétiens et musulmans et fit de Hagía Sophía un musée abritant à la fois des chefs d’œuvre d’art byzantin et des reliques islamiques comme le Mihrab, Minbar, et les disques qui trônent avec le nom d’Allah, du prophète et de ses compagnons.
De cette bâtisse, je garde le souvenir du petit trou dans un pilier où la légende dit qu’il faut introduire son doigt en essayant de faire un cercle avec la main pour que le vœu formulé se réalise. Je garde aussi celui d’un passage rappelant les passages secrets d’autrefois.
3- La mosquée bleue (Sultan Ahmet Camii)
Cette mosquée aux 6 minarets, tire son nom du bleu des céramiques qui recouvrent les murs. Merveille architecturale et de beauté d’art islamique, cette mosquée est l’un des plus célèbres monuments d’Istanbul.
Contrairement à d’autres pays musulmans, l’entrée aux mosquées en Turquie est permise à tout le monde et non exclusivement aux musulmans. Il est demandé aux personnes de se couvrir avant d’entrer comme c’est le cas dans certaines cathédrales européennes qui exigent un habit décent. Des accessoires sont mis gratuitement à la disposition des visiteurs pour respecter la sacralité des lieux.
Mais laissez-moi vous dire quelque chose. Istanbul a un charme mystique auquel on ne peut être insensible quelles que soient nos croyances. L’appel à la prière qui s’élève de ses minarets par les voix des Muezzin sont comme un chant céleste qui ne manque pas de susciter une certaine émotion.
4- Le grand Bazar d’Istanbul
Dans ce bazar à l’image de l’authentique orient de jadis, 4000 boutiques distillent leurs charmes sous le nez des touristes à l’affut de souvenirs authentiques. Un éclaboussement de couleurs, un foisonnement de senteurs vous envahissent et vous emportent dans un tourbillon de sensations au parfum capiteux. Le grand bazar est un enchevêtrement de ruelles qui se mêlent et se confondent, où l’on peut facilement se perdre si ce n’étaient les 18 portes qui fournissent un point de repère pour le flâneur. Laissez-vous happer par la magie de l’endroit, n’hésitez pas à flâner dans les ruelles, à admirer les étals des marchands, et à vous laisser émerveiller par cette myriade de couleurs qui se déploieront devant vos yeux. Une atmosphère digne d’Aladin ou d’Ali Baba et ses 40 voleurs.
Je vous donnerai deux petits conseils. Premièrement gare à vos poches, ici sévissent les pickpockets. Ensuite, n’hésitez pas à marchander, les commerçants ont tendance à gonfler les prix.
5- Balade sur le Bosphore
Cette croisière est un incontournable à faire à Istanbul, d’autant plus que ce détroit qui sépare la mer noire de la mer de Marmara, est l’un des emblèmes de la ville.
C’est une façon unique de voir Istanbul tout en étant au milieu de deux continents à la fois (l’Europe et l’Asie). On voit défiler au fil de l’eau ses beaux monuments chargés d’histoire, ses minarets, ses palais majestueux, ses ponts illustrant une grande puissance émergente, un mélange de modernisme européen et d’authenticité arabo-musulmane à couper le souffle. Longer le Bosphore c’est comme prendre toute la ville d’Istanbul au creux de sa main ou l’étreindre tendrement dans ses bras.
Si vous avez de la chance comme nous, des dauphins peuvent venir vous saluer lors de votre passage sur les flots du Bosphore.
6- Avenue Istiklal
Que dire de l’Avenue Istiklal ? Ce fut tout simplement l’un de mes plus grands coups de cœur à Istanbul.
Cette avenue parcourue par un ancien tram est l’un des centres névralgiques de la ville, un lieu foisonnant de vie situé dans le quartier historique, prisé aussi bien par les touristes que les stambouliotes. Cette rue semi piétonne est jonchée de restaurants, de marchands de maïs, de boutiques à ne plus en finir, de cafés bondés, de vendeurs de Kebab, de marchands de chocolats, de boites de nuit ou encore de boutiques de souvenirs.
Elle possède un cachet et un charme très particuliers qui s’accentuent davantage à la tombée de la nuit.
Cette rue Istiklal est un bonheur pour le flâneur, un murmure, une caresse de l’âme.
Elle débouche sur l’une des plus grandes places de la ville et des plus importantes : « Taksim ».
7- Mosquée Süleymaniye
Cette mosquée fut édifiée entre 1550 et 1557 par l’architecte prodige du pays Sinan à la demande du sultan Soliman le magnifique.
Soliman Ier-dont le nom revient souvent quand on est à Istanbul- fut le dixième sultan de la dynastie ottomane de 1520 à sa mort en 1566. Il est appelé Soliman le Magnifique en Occident et Kanuni (le Législateur) en Orient pour sa reconstruction complète du système légal ottoman. Soliman devint l’un des monarques les plus éminents de l’Europe du XVIe siècle et présida à l’apogée de la puissance économique, militaire et politique de l’Empire ottoman.
Il instaura personnellement des changements législatifs concernant la société, l’éducation, l’économie et le système judiciaire.
Il fut aussi connu pour sa rupture avec les traditions ottomanes en épousant l’une des filles de son harem, Roxelane, qui devint Hürrem Sultan, ses intrigues en tant que reine à la cour et son influence sur le Sultan assurèrent sa renommée. Leur fils, Selim II, succéda à Soliman à sa mort en 1566.
Tout prête à croire que ce sultan fut un grand monarque, il était d’ailleurs poète et mécène pour les œuvres d’art et de culture d’où son surnom de magnifique.
Cette mosquée abrite aussi un mausolée où trône son tombeau.
8- Le bazar égyptien
Connu également sous le nom de marché aux épices. C’est une petite version du grand bazar, connue principalement pour les épices et la vente d’une spécialité turque qu’il faut goûter « les Loukoum », une sorte de petits gâteaux sucrés.
Ce bazar jouxte la mosquée dite neuve.
9- Le palais de Dolmabahçe
Ce palais qui se dresse sur les rives du Bosphore fut la résidence des sultans Ottomans entre 1853 et 1922.
Ils délaissèrent le palais de Top Kapi au profit de celui-ci pour son luxe plus moderne. Il fut construit sur le modèle occidental tout comme le palais de Beylerbeyi. Il mêle différents styles d’architecture, baroque, rococo et néoclassique en plus du cachet artistique ottoman.
Ce palais qui est le plus grand de Turquie, fut également l’un des lieux de résidence du père fondateur de la république de Turquie Mustafa Kemal Atatürk.
10- La colline de Çamlica
Appelée en français Parc de la Colline des pins, cette colline située dans le quartier d’Usküdar, possède une vue panoramique sur Istanbul. C’est un beau parc à plusieurs jardins, parsemés de fleurs de toutes les couleurs qui surplombent la ville. La vie y bourdonne dans tous les sens, des enfants qui jouent, des familles ou des amis qui prennent le café, des mamans avec leurs bébés, un endroit aimé de tous, stambouliotes comme touristes.
Allez-y la vue en vaut le détour, pour vous détendre au milieu des pins certes, mais surtout pour la vue plongeante et caressante sur toute la merveilleuse ville d’Istanbul.
Si vous avez le temps, vous pouvez ajouter d’autres visites ou escapades à votre séjour, comme la visite de la tour de Galata, la citerne-basilique, ne manquez pas la Corne d’Or, une visite à l’île des princesses ou à celle des princes, etc. N’hésitez pas à flâner dans les deux rives de la ville, du côté européen et asiatique.
Si vous pouvez vous accorder une journée à la charmante ville de Bursa, ne ratez surtout pas son marché de soie Kozahan.
Istanbul fut pour nous une ville captivante, envoutante, ensorcelante, passionnante mais surtout attachante. Nous avons dû faire bien trop vite nos adieux à ces sentiers dallés, à la terre, au ciel, aux senteurs, aux boutiques, aux passants, l’âme déchirée mais avec une promesse tacite d’un prochain au revoir. Parce que croyez-moi, Istanbul n’est pas de ces villes auxquelles on dit un simple adieu.
PS 1: J’aimerai aujourd’hui y revenir également pour prendre des photos dignes de ce nom, qui lui rendent un véritable hommage et que je vous promets de partager avec vous. Celles qui illustrent mon article remontent à l’époque de zéro notion de photographie et matos très très amateur 😀
PS 2 : A l’occasion de l’un des anniversaires de mon amie, je lui avais écrit il y a quelques années le récit complet de notre voyage en Turquie, c’est pourquoi écrire cet article même après tout ce temps n’a pas été très difficile, d’autant plus que google est notre ami quand la mémoire fait défaut sur quelque chose 😉
Découvrez d’autres carnets de voyages sur mon blog, ça vous aidera peut être à choisir votre nouvelle destination 😉