Jour 10 de #UnJourDesTextes, on compte de 1 à 10

Voici une nouvelle participation pour le #UnJourDesTextes initié par FromYukon. Sauf que cette fois-ci j’ai cédé ma plume à une invitée, c’est ma meilleure amie qui vous écrit en ce jour 10 de confinement. Elle vous fera un joli décompte de 1 à 10.

J’aperçus 1 visage tendrement familier entre 2 avions. J’avais 3 heures d’escale et soudain des oiseaux dans le ventre. Ses beaux yeux d’azur ne croisèrent pas les miens. Il me parût inconvenant de lui faire signe de la main de loin, comme ça après toutes cette éternité qui nous a séparés. J’allais la rejoindre, le pas impatient et le cœur battant quand je m’aperçus qu’elle n’était plus seule. Ils étaient 4 à présent. Une famille, un homme grand et mince et deux petits garçons qui avaient fait la course pour se blottir contre sa jupe. Je ralentis le pas et changeais de direction. La grande horloge se mit à gronder. Il était 5 heures mais cela n’avait plus aucune importance. J’avais un besoin impérieux de m’assoir, je ne tenais plus sur mes jambes, mais sur les 6 chaises devant moi, aucune n’était libre.

Je me mis à respirer et à réciter le nom de mes 7 frères et sœurs, comme je fais à chaque fois que je me sens mal. Cela me calme d’habitude. Mais là, j’étais bouleversé comme un enfant, incapable de maîtriser ses émotions.

Je ne voyais devant moi que ce quai de Saint Augustin, ce maudit 8 Mars d’il y a 9 ans et quelques miettes. Ce jour, où elle avait cessé de m’appartenir, mon cœur immature ayant cru qu’il lui suffisait de se tatouer son nom.

J’allais me noyer dans la foule quand je l’entendis crier mon nom: « Mais enfin Arthur, laisse ton petit frère tranquille voyons ! »

Je tournais les yeux de là où venait la voix, et le bleu de ses yeux envahit mon âme. Et je compris alors, sans un mot. Le bambin devait avoir 10 ans.

                                                                                                                                                 Par Fatine